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Comment la crise du coronavirus a permis de décupler les énergies : l’exemple des respirateurs
Nous vivons tous une période extraordinaire et inédite avec cette crise sanitaire du Covid-19. Le confinement a été vécue diversement par la population mais il a fallu inventer de nouveaux mode d’éducation, de nouveaux liens sociaux symbolisés par les « apéros on-line ». Mais cette période a aussi été une formidable période de solidarité et de mobilisation de l’ensemble des moyens et des idées. C’est aujourd’hui sur ce point des idées innovantes que nous allons nous arrêter et en particulier les projets de production ou d’adaptation de respirateurs artificiels, moyens indispensables dans la lutte contre le virus.
Nous allons donc vous présenter quelques bonnes idées ou collaborations inédites au service de la santé.
Le CNES développe des systèmes pour démultiplier les capacités des respirateurs :
Le Centre National D’Etudes Spatiales de Toulouse sous l’impulsion de son directeur général, alerté par des médecins réanimateurs de l’hôpital parisien de La Pitié-Salpétrière, a travaillé sur une approche innovante qui est de multiplier les capacités d’un même respirateur. En effet nous avons très vite compris que le goulot d’étranglement de cette crise serait notre capacité à mettre en oeuvre des moyens de réanimation.
Les ingénieurs du CNES ont donc eu l’idée de développer un système en forme de Y capable de se brancher sur un seul appareil mais qui peut ensuite permettre d’incuber plusieurs patients (2 voire 3). Ces tubes en polyéthylène glycol servent de déviateur de flux.
Les prototypes sont facilement duplicables grâce à une simple imprimante 3D, les plans ayant mis gratuitement à la disposition du grand public.
L'imprimante 3D est devenue un outil incontournable par son prix maintenant abordable et sa relative facilité d'utilisation
La contrainte de ce système est toutefois que les patients doivent avoir des problèmes similaires et donc des besoins en oxygène identiques.
L’imagination des ces ingénieurs n’ayant pas de limites, ils ont aussi développé des pousse-seringues pour éviter les risques de pénurie.
Les masques de snorkeling de Décathlon reconvertis :
L’idée d’utiliser les masques de snorkeling « easybreath » de la marque Décathlon est venue d’un médecin italien qui a pris contact avec une société italienne Isinnova, spécialiste de l’impression 3D. Ceci permettrait en effet au patient de respirer par le nez et la bouche et de garantir un meilleur confort (sans intubation). Et la collaboration s’est initiée avec la marque française d’articles de sport qui a fourni des masques mais aussi les plans en 3D.
Les concepteurs ont ainsi pu créer une valve spéciale et des raccordements adaptés. En une semaine les premiers prototypes sont livrés à un hôpital de Brescia et les tests s’avèrent plutôt concluants. Toutefois cette solution n’ayant pas été complètement homologuée elle n’a été utilisée que dans des cas d’extrême urgence.
Une collaboration de l’industrie française :
A l’image d’une situation de guerre, l’industrie française s’est mobilisée pour répondre à la pénurie de respirateurs artificiels en France. Le producteur français Air Liquide Médical System a reçu le soutien de PSA, Schneider electrics et Valeo pour à la fois accroitre ses capacités de production et aussi d’adapter les modèles actuels pour faire face aux difficultés d’approvisionnement ou aux délais de production.
L’enjeu : produire 10 000 respirateurs en un minimum de temps !
✕Ainsi PSA va mettre à disposition sa surface de production dans son usine de Poissy et près d’une centaine d’ouvriers volontaires. Il a bien sur fallu s’adapter à la fabrication de respirateurs qui comptent près de 130 petites pièces. Les outils sont aussi largement différents mais la productivité s’est améliorée au fur et à mesure. Dans le cadre de cette coopération, Schneider a mis à disposition du matériel spécifique pour adapter les lignes de production et des experts pour réorganiser les lignes. Valeo a pris en charge la gestion des approvisionnements et a également mis à disposition ses experts électroniques pour pallier les difficultés techniques. En effet face aux difficultés d’approvisionnement il a parfois fallu changer de composants et donc recréer des cartes électroniques dans des temps records.
Cette association a porté ses fruits quant à la production de respirateurs. On ne peut malheureusement pas éluder le fait que le choix du modèle principalement produit (Un Osiris plus simple et rapide à assembler) n’était pas adapté aux besoins des hôpitaux. En effet ces modèles sont destinés à équiper des ambulances mais ne sont pas suffisamment efficaces dans un service de réanimation.
Mais voyons le côté optimiste et le formidable élan qui a permis de mobiliser les talents et les ressources en France.
L’université Masaryk de Brno contribue au développement de masques pour respirateurs adaptés aux enfants :
En République Tchèque, l’université Masaryk de Brno s’est associée à l’institut tchèque d’informatique, de robotique et de cinétique pour développer un nouveau prototype de masque pouvant s’adapter plus facilement aux enfants. La faculté de sciences de Masaryk, disposant d’une large base de données d’images tridimensionnelles de visages, elle a fourni aux experts de l’institut une variété de profils de visages. Les scientifiques ont ainsi pu développer des modèles de masques pouvant s’adapter sur des respirateurs. Mais le projet a aussi permet de travailler sur des masques de protection FFP3 pour des enfants avec des pathologies lourdes qui devaient être protégés. Il existe ainsi des masques de différentes tailles pour des enfants de 4 à 10 ans.
Ces quelques exemples plus ou moins médiatiques montrent à quel point, dans cette période extraordinaire, les énergies et les moyens ont été mis en commun. Espérons que cet élan continuera et que la collaboration nationale et européenne permettront de développer de nouvelles solutions pour nos services de médecine. De plus peut-être de nouvelles vocations naitront dans le domaine de la recherche mais aussi dans le secteur médical qui nous a montré ces dernières semaines toute son implication, son professionnalisme et son dévouement.