La course aux vaccins contre la Covid-19
30 novembre 2020Un focus sur une destination pleine de surprise : European University of Cyprus
31 janvier 2021L’ouverture aux écoles privées vétérinaires en France ?
Une école privée vétérinaire ouvrirait dès Septembre 2022
C’est une petite révolution qui se prépare dans le monde des études supérieures et plus particulièrement des écoles nationales vétérinaires. En effet le projet de loi de programmation de la recherche votée le 17 novembre à l’assemblée nationale contient un article permettant à des établissements supérieurs privés agréés de former des vétérinaires. Ce texte a par ailleurs été adopté par le sénat 2 jours plus tard.
Quel est le statut à ce jour ?
Pour le moment le texte est toujours en attente des décrets d’application mais cette démarche devrait prendre un peu plus de temps que prévu. En effet, certains parlementaires ont annoncé qu’ils souhaitaient saisir le conseil constitutionnel pour contrôler le texte.
Quelle position de la profession ?
Les professionnels sont plutôt réservés suite à l’annonce de ce vote. Même s’ils précisent pour la grande majorité que la possibilité d’ouvrir ce type d’établissement est légitime au regard des autres pays de l’Union Européenne (directive 2013/55/UE), les professionnels restent dubitatifs quant à l’adéquation avec les besoins de la profession.
Le Conseil National de l’Ordre de Vétérinaires (Cnov) a par ailleurs énoncé les principaux critères indispensables selon eux pour qu’un établissement privé puisse délivrer un diplôme :
- Formation vétérinaire conforme au référentiel d’activité professionnelle et de compétences à l’issue des études vétérinaires
- Prise en compte des besoins de l’Etat en termes de santé publique vétérinaire
- Haut niveau de formation scientifique et clinique garantissant la qualité du service rendu
- Formation agréée par l’Association Européenne des Etablissements d’Enseignement Vétérinaire (AEEEV)
- Evaluation de la formation par une autorité administrative indépendante française
- Unicité du diplôme de docteur vétérinaire
- Reconnaissance du diplôme par les autres Etats membres de l’UE
- Délivrance du titre de docteur-vétérinaire après soutenance de la thèse
- Contrôle du niveau pédagogique : évidemment ces formations privées doivent être aussi exigeantes que le sont aujourd’hui les Ecoles Nationales Vétérinaires
- Une formation pratique mais aussi fondamentale : le risque est de créer une formation professionnalisante en parallèle d’une formation existante alliant pratique et recherche. Les ENV sont en effet aussi des lieux de foisonnement scientifique et de recherche
- Répondre aux besoins de la profession : c’est un point crucial actuellement avec un manque criant de médecins dans les zones rurales. Est-ce qu’une école privée française va résoudre ce problème alors que près de la moitié des vétérinaires sont formés à l’étranger dans des universités publiques ou privées (mais globalement payantes) déjà aujourd’hui sans avoir résolu le problème ? De plus l’environnement économique d’un vétérinaire en zone rural est plus incertain ce qui rendrait plus difficile le modèle avec une dette de départ constituée par le coût des études
- Une pénurie de vétérinaires en France : 45% des médecins inscrits à l’ordre ont été formés hors de France
- Répondre aux tensions dans certaines filières en particulier dans le monde rural
- Un environnement rural : forte activité d’élevage
- Pas d’école vétérinaire présente dans cette région
- Un partenariat avec la faculté de médecine de Rouen
- Des infrastructures déjà existantes
L’autre axe de vigilance réside dans la capacité de cet établissement privé à contribuer à la recherche.
Dans un entretien paru dans la dépêche vétérinaire deux responsables syndicaux détaillent les craintes actuelles. En particulier :
Quel projet pourrait voir le jour ?
C’est un projet qui a été initié depuis 2008 par l’école d’ingénieur privée UniLaSalle qui doit répondre à deux problématiques :
L’objectif est ainsi d’ouvrir une première promotion de 120 étudiants dès Septembre 2022 sur le site de Rouen qui regroupe les atouts suivants :
Les études se dérouleraient sur 6 ans avec un cycle préparatoire intégré à la formation. C’est d’ailleurs ce qui existe déjà dans la plupart des formations à l’étranger. Les admissions seraient ainsi gérées via ParcourSup et une expérience à l’international serait obligatoire.
Par ailleurs comme demandé par le CNOV, elle devra être accréditée par l’AEEEV et le ministère de l’agriculture.
Le coût de la formation est à ce jour estimé à 15 000 € par an et par élève.
Le monde de la formation évolue et la formation vétérinaire n’échappe à la règle. Il reste encore des sujets en suspens mais la création d’un établissement de formation privée vétérinaire semble acquise. Mais la sélection restera sévère dans cette cinquième école tant du point de vue pédagogique et que du point de vue financier. D’ailleurs aujourd’hui il existe des établissements de bases publiques et pleinement certifiés (en Slovaquie, Tchéquie…) qui offrent des formations à des tarifs plus abordables (entre 7 000 € et 8 000 €).