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La fin du numerus clausus : quels changements finalement ?
En 2020, la France a entrepris une réforme majeure en supprimant le numerus clausus, ce système qui limitait depuis des décennies le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine. Cette décision, motivée par une volonté d’adapter l’offre de soins aux besoins croissants de la population, suscite des débats intenses. Analysons les impacts, les défis et les premières tendances observées suite à cette réforme.
Historique du Numerus Clausus
Institué en 1971, le numerus clausus visait à réguler le nombre de médecins formés chaque année pour éviter une saturation du marché et pour des raisons de qualité de formation. On peut également penser que ce système a été vu au fur et à mesure comme un moyen de limiter les dépenses de Santé : moins de médecins = moins de prescriptions. Cependant, au fil des années, ce système a été critiqué pour avoir contribué à des pénuries de médecins, particulièrement dans les zones rurales et sous-dotées, et pour sa sélectivité excessive qui stressait les étudiants.
Pourquoi la réforme ?
Le numerus clausus a été supprimé en réponse à plusieurs problématiques :
- Pénurie de médecins : La France fait face à une pénurie croissante de médecins, avec des déserts médicaux dans de nombreuses régions.
- Vieillissement de la population : Le vieillissement des médecins et de la population exige une augmentation de l’offre de soins.
- Diversité des profils : La volonté de diversifier les parcours des étudiants en médecine et d’intégrer une approche plus holistique de la formation.
Les Nouveaux Modes d’Accès aux Études de Médecine
La réforme a introduit deux principales voies d’accès :
- Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) : Ce parcours offre une formation pluridisciplinaire avec une forte composante santé, permettant aux étudiants de candidater en deuxième année de médecine.
- L1 Accès Santé (LAS) : Ce parcours propose une licence avec une option santé, donnant une deuxième chance aux étudiants qui n’auraient pas réussi par le PASS.
Ces nouvelles voies visent à offrir plus de flexibilité et à réduire le stress lié à la sélection drastique.
Premiers résultats et réactions
- Augmentation du nombre d'étudiants : Depuis la suppression du numerus clausus, on observe une augmentation notable du nombre d’étudiants accédant à la deuxième année de médecine. Selon les données du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le nombre d’admis a augmenté de près de 20% en 2021 par rapport à l’ancienne limitation. Pourtant la capacité de formation des médecins en France est tout juste revenue au niveau de celle de 1970 ou nous étions 15 Millions d'habitants de moins comme le précise le député Yannick Neuder.
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Amélioration de la Diversité des Profils : Les premières données montrent une plus grande diversité parmi les étudiants admis en deuxième année, tant en termes de parcours académique que de profils socio-économiques. Cette diversification pourrait enrichir la profession médicale en apportant de nouvelles perspectives et compétences.
- Défis logistiques et pédagogiques : L’augmentation du nombre d’étudiants pose des défis logistiques majeurs, notamment en termes de capacité d’accueil des universités, de qualité de l’encadrement, et de disponibilité des terrains de stage. Les facultés doivent s’adapter rapidement pour garantir un niveau de formation élevé malgré l’afflux d’étudiants.
- Impact sur les régions sous-dotées : L’augmentation du nombre de médecins formés pourrait, à terme, aider à combler les déficits dans les zones sous-dotées. Cependant, cela dépend également de la mise en place de politiques incitatives pour encourager les jeunes médecins à s’installer dans ces régions car pour le moment on ne voit aucune tendance favorable sur ce point.
- Impact sociétal : le mode d'exercice de la pratique médicale a largement évolué depuis les années 1970 avec un temps de travail ce qui ne représente en rien une critique mais une évolution (notable dans biens d'autres secteurs d'activité également) et qu'il faut prendre en compte. On peut estimer qu'il faut maintenant près de 2 jeunes médecins pour remplacer un départ en retraite.
Perspectives futures
La suppression du numerus clausus est un premier pas vers une transformation profonde de la formation médicale en France. Pour maximiser ses bénéfices, plusieurs éléments seront essentiels :
- Adaptation des Structures de Formation : Les universités devront adapter leurs infrastructures et méthodes pédagogiques pour accueillir et former efficacement un plus grand nombre d’étudiants.
- Renforcement de l’Accompagnement : Un suivi personnalisé et des dispositifs de soutien pour les étudiants devront être mis en place pour éviter des taux de décrochage élevés.
- Politiques de Répartition des Médecins : Des incitations et des régulations seront nécessaires pour s'assurer que l'augmentation du nombre de médecins se traduise par une meilleure répartition sur le territoire.
Conclusion
La fin du numerus clausus marque une évolution significative dans l’accès aux études de médecine en France. Si cette réforme promet de pallier les pénuries de médecins et de diversifier les profils des futurs praticiens, elle pose également des défis en termes de logistique et de qualité de la formation. De plus, la réforme n'a pas supprimé le concours d'accès à la deuxième année de médecine laissant encore de nombreux étudiants sans solution pour accéder à ses filières. En effet le nombre de place n'a augmenté que d'une vingtaine de % et la sélection est toujours rude. Les étudiants motivés peuvent toujours continuer de se former à l'étranger comme en Tchéquie ou en Slovaquie bénéficiant par ailleurs d'une très bonne réputation internationale (en Europe comme aux Etats-Unis en particulier).
Le succès de cette réforme dépendra de la capacité des institutions à s'adapter et à anticiper les besoins futurs du système de santé français mas sans doute aussi à s'appuyer sur les étudiants formés français formés à l'étranger comme la filière vétérinaire le fait déjà depuis de nombreuses années.