La pénurie des médecins en France, quelle réalité aujourd’hui ?
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5 mai 2018Rencontre avec une étudiante française de l’université vétérinaire de Kosice
"L'aventure Kosice" racontée par Astrid Servin étudiante à l'université vétérinaire de Kosice
C’est aujourd’hui le 12 avril 2018 qu’est inaugurée une clinique « virtuelle » permettant aux futurs médecins vétérinaires de pratiquer dans des conditions représentatives du réel sur des reproductions d’animaux. C’est donc l’effervescence ici ou les étudiants, le corps professoral et l’encadrement de la faculté sont présents. Dans un souci constant d’amélioration de sa pédagogie, l’université vétérinaire de Kosice a investi dans des moyens cliniques modernes. Dans ce cadre les étudiants pourront se former sur les dernières techniques cliniques avec deux axes majeurs de formation :
- L’apprentissage des gestes justes et précis
- La réduction du stress pour l’animal mais aussi pour le praticien
C’est dans ce contexte que nous avons eu la chance de rencontrer une étudiante française qui nous ont fait partager son expérience à l’université vétérinaire de Kosice.
Parcoursmedecin : Quelles qualités trouvez-vous indispensables pour étudier aujourd'hui en Slovaquie ?
A. Servin : Personnellement je n'ai pas ressenti le mal du pays en arrivant à Kosice. Il faut peut-être être débrouillard au début, être curieux et ne pas hésiter à rencontrer et parler avec les gens autour de soi. Et surtout, pour profiter et avoir de super souvenirs, il faut venir détendu et ne pas hésiter à sortir (visiter la ville, le pays, faire des soirées, restaurants...). Je suis arrivée un peu stressée avec les études et durant ma première année je ne sortais pratiquement pas. Mais en 2ème année j'ai commencé à faire beaucoup de sorties, et la vie est franchement plus fun - et même pour réviser ensuite ! A l'université, pareil, il ne faut pas hésiter à parler et demander de l'aide aux professeurs . Il y a des clubs (le plus populaire pour les étranger : fauconnerie / réhabilitation), c'est aussi super sympa de les essayer. Je pense que le plus dur pour moi, c'est en fin de compte la culture anglophone au point de vue des études (beaucoup de compétition, de fierté et de "Show-off") et au point de vue de l'adaptation dans le pays (beaucoup n'aiment pas la Slovaquie et voient Kosice juste comme un pass "gratuit" pour être vétérinaire). Bon à part ça, on s'entend tous très très bien et on s'amuse quand même bien tous ensemble et je ne regrette pas et paradoxalement j'aimerai continuer mes études en Angleterre après.
Parcoursmedecin : Quel était votre niveau d'anglais en intégrant le programme ? Et aujourd'hui comment vous sentez vous en anglais ?
A. Servin : Mon niveau d'anglais était plutôt... mauvais... Encore une fois, le plus compliqué est la vie étudiante (comprendre les "Slang" - argot anglais) pour pouvoir s'intégrer. Au niveau des études, je dirai qu'il n'y a pas de problème. Les professeurs parlent plus ou moins bien anglais, mais je n'ai jamais ressenti de problème de compréhension (le langage scientifique est plutôt universelle ahah, et la base latine de beaucoup de mots aide franchement pour les français). Mais on s'adapte très vite , les anglais sont plutôt ravis de nous aider à comprendre, traduire et expliquer leur vocabulaire, leurs expressions (#Fierté, je plaisante). Aujourd'hui je me sens super à l'aise, j'ai toujours quelques problèmes de vocabulaires parfois, mais ça va.
Parcoursmedecin : Quand avez vous pris la décision de faire vos études à l'étranger ? Après le Bac ?
A. Servin : Alors j'ai toujours voulu être vétérinaire, après avoir été refusée en classe préparatoire après le bac, j'ai fait une licence, tenté le concours et malheureusement échoué. J’ai tout de suite compris que les études vétérinaires en France bah.. ça ne sera pas pour moi... J'ai alors commencé à regarder toutes les options possibles. Je voulais partir en Roumanie au départ (en langue française), mais je n'ai pas été conquise par leur moyen de sélection des élèves. J'ai visité l'école de Cluj Nappoca, j'étais en plein rêve en me disant que je ferai mes études là bas, mais après avoir discuté avec les élèves, le rêve s'effondre un peu. Ils me disent qu'avec mon dossier j'aurais des difficultés à rentrer dans l'école (peut être que ça a changé), mais l'école ne prenait pas en compte le fait que j'avais fait une licence, l'établissement et mes notes de licence. Ils prenaient seulement les notes du bac : 12/20 et les expériences en milieu vétérinaire. Je me rappelle avoir parlé avec des étudiants me disant qu'ils n'avaient pas eu beaucoup d'expérience et avaient justifié de fausses expériences.... Alors en rentrant des portes ouvertes, je repars pour des recherches et je trouve le soir même l'école de Kosice. Je lis la description et c'était le coup de coeur . Aujourd'hui je ne regrette absolument pas et je suis presque reconnaissante à mon instinct pour m'être lancée du jour au lendemain dans "l'aventure Kosice".
Parcoursmedecin : Comment jugeriez-vous votre 1ère année :
Dans votre capacité à vous adapter à un nouvel environnement ?
A. Servin : La première année s'est plutôt bien passée. On s'adapte à notre rythme sans aucun souci . Dans ma classe nous sommes 5 français et je pense qu'on s'est tous adapté plus ou moins rapidement au rythme des études : la structure, l’organisation des cours et examens (totalement différents) et la langue. Bon et un peu de fierté française, mais nous sommes maintenant 7 français dans l'école, et on se plait tous à Kosice et à l'école. On ne ressent pas le besoin de rentrer en France lors de Day-off - vacances mi semestre contrairement à beaucoup d'autres étrangers Anglais, Norvégiens, Israéliens... Je pense qu'on s'adapte beaucoup plus facilement et on est plutôt tous enclin à découvrir une nouvelle culture.
Dans votre capacité à suivre le programme ?
A. Servin : selon le niveau d'étude et la capacité intellectuelle, le programme est plus moins difficile. Personnellement j'ai besoin de temps pour comprendre et réviser, et je n'ai pas eu de souci. Encore une fois il ne faut pas hésiter à poser des questions quand on ne comprend pas ou ne connait un mot (aux étudiants et aux professeurs - surtout en examen).
Les matières les plus exigeantes ?
A. Servin : Alors venir ici et penser que c'est plus simple parce que c'est la Slovaquie est une idée reçue. Si tu ne travailles pas (pour quasi toutes les matières), passer les examens peuvent s'avérer très difficiles. Les professeurs en première année sont plutôt indulgents et savent que ce n'est pas forcément facile au début (bon d'autres non et s'en foutent ahah), mais dès le second semestre on sent qu'il faut commencer à travailler sérieusement si on ne veut pas être à la ramasse. Ah oui, les examens ici sont majoritairement oraux . La première fois ça fait peur, mais en fait c'est plutôt sympa et encore une fois les professeurs sont super sympas et nous mettent plutôt à l'aise. Les professeurs (et l'école) en général veulent nous faire réussir et passer. Si tu rates un examen, tu as 2 autres chances pour le repasser. En général un professeur te fera rater l'examen si vraiment tu ne connais rien ou s'il estime que tu peux faire mieux ou juste qu'il te manque quelques connaissances pour passer la matière. Les gens redoublent très rarement ici.
Parcoursmedecin : Quels progrès avez-vous noté?
A. Servin : J'ai un peu de mal à m'auto juger mais je suppose que mon niveau d'anglais est meilleur. J'ai gagné en maturité et autonomie au niveau de ma vie personnelle et au niveau scolaire.
Parcoursmedecin : Avez-vous toujours su que vous souhaitiez devenir médecin vétérinaire ? Est-ce grâce à un environnement familial ?
A. Servin : J'ai toujours su que je voulais être vétérinaire. Je ne pense pas du à mon environnement familial. C'est peut être prétentieux, mais je pense que c'est inné, j'ai toujours aimé les animaux, la nature et les sciences (et pourtant je suis Parisienne!!). Le premier métier que j'ai voulu faire c'était Docteur des animaux, et ensuite j'ai changé pour Vétérinaire. Je suis bornée, et je me suis toujours promise que je serai vétérinaire malgré tout ce que j'ai pu entendre pendant mes études en France (que ce sera dur pour moi, que je n'y arriverai jamais, que je ne suis pas assez bonne, pas assez compétitive... #Bullshit). Je suis d'un tempérament très positif et optimiste. Et je pense que, quand on a un rêve il faut se donner toutes les chances pour le réaliser, toujours se relever en cas d'échec (toujours remonter à cheval après une chute) et réussir à se faire confiance et s'écouter parfois et surtout ne pas se faire marcher dessus ou se laisser influencer.
Parcoursmedecin : Quels conseils donneriez-vous à un jeune étudiant français qui souhaite intégrer cette formation ?
A. Servin : Fonce (les yeux fermés) ! Tu ne regretteras pas. Il n'y a QUE du positif ici pour la réalisation de ton projet professionnel et aussi personnel.