Étudier la médecine à l’étranger, une vraie bonne idée pour les étudiants français ?
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22 avril 2018La pénurie des médecins en France, quelle réalité aujourd’hui ?
Pourquoi un manque de ressources médicales ?
L’actualité nous rappelle régulièrement la situation difficile liée à la pénurie des médecins en France. Mais quelle est cette réalité ?Tout d’abord quelques chiffres pour positionner le débat. Le nombre de médecins en France est de 290 974 au 1er janvier 2017. Et chose étonnante ce chiffre est en augmentation de 1,8% par rapport à 2016. Mais au delà des chiffres, l’explication vient principalement d’une hausse des médecins retraités. La hausse des actifs est beaucoup plus faible (moins de 1%).
D’ailleurs le célèbre « numerus clausus » explique en partie cette difficulté à augmenter les effectifs. Cette mise sous contrainte du nombre d’étudiants s’est faite en même temps qu’un allongement de l’âge moyen et donc l’augmentation des maladies chroniques nécessitant beaucoup de soins.
Une autre explication réside dans le temps de travail effectif. D’une part le temps partiel augmente dans la profession puisque le nombre de femme médecin augmente et d’autre part les jeunes actifs se dirigent vers des postes salariés (35 heures par semaine) et moins vers des postes en libéral (plus de 50 heures par semaine).
En un mot le temps médical disponible se réduit en France.
Quelles conséquences :
La pénurie ressentie en France est accentuée par le faible intérêt des jeunes médecins à s’installer en zone rurale. Ils préféreront s’installer en médecine de ville où la clientèle est plus nombreuse. Dans le même temps la durée du temps de travail et les rémunérations plaident aussi pour la médecine de ville. Et la tendance est encore plus vive pour la médecine généraliste largement délaissée par les jeunes médecins. La conséquence est une augmentation sensible des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste comme un spécialiste. Ce temps d’attente est passé de 13 jours en 2012 à plus de 60 jours. Evidemment la situation est très inégale puisque pour des spécialités très demandées comme les ophtalmologistes on peut passer de moins d’un mois dans les grandes villes à plus de deux ans dans des zones rurales. Dans ces conditions, de plus en plus de patients renoncent à se soigner.Les pistes avancées :
Pour essayer d’endiguer ce problème plusieurs solutions ont été mises en place mais les différentes incitations sont restées sans effet ou avec des résultats insuffisants. Les aides financières accordées pour s’installer en zone rurale n’ont pas changé les choses. L’installation de médecins étrangers a partiellement participé à réduire la pénurie mais seulement 25% travaille en libéral. La grande majorité travaille donc en centre hospitalier.En octobre 2017, le nouveau gouvernement a lancé un nouveau plan pour lutter contre ces disparités et le manque de médecins :
- Aides financières : les aides à l’installation en zones tendues sont maintenues. Toutefois le gouvernement va chercher à profiter du nombre important de médecins à partir en retraite et souhaite favoriser le cumul emploi et retraite. Enfin les incitations financières toucheront aussi le support à l’activité partielle.
- La télémédecine doit prendre son envol. A l’ère des nouvelles technologies, on compte beaucoup sur la fixation des tarifs et le remboursement des consultations pour développer ces techniques.
- Le développement des maisons de santé, permettant de regrouper plusieurs spécialités dans un même environnement, va être favorisé par un grand plan d’investissement. Ces maisons présentent l’avantage de réduire les frais de fonctionnement puisque les moyens sont mutualisés.
Ces mesures vont-elles permettre d’améliorer cette situation difficile sachant que nous savons d’ores et déjà que le temps médical disponible va se réduire jusqu’en 2025 ? Les besoins étant pérennes, les jeunes étudiants seraient bien inspirés de s’ouvrir à des programmes d’études de médecine en Europe pour contourner le numerus clausus. De nombreuses opportunités à leur retour en France leur semblent promises…