La crise de la médecine psychiatrique en France : des conséquences alarmantes

La psychiatrie en danger

La médecine psychiatrique en France est confrontée à une crise majeure qui a des répercussions profondes sur les patients, les professionnels de santé et le système de santé dans son ensemble. La demande croissante de soins en santé mentale, combinée à une pénurie de ressources et à des problèmes structurels, a créé une situation préoccupante. L’actualité récente nous a tristement rappelé les difficultés que rencontrent cette spécialité de la médecine. Cet article examine la crise de la médecine psychiatrique en France, ses principales causes et les conséquences qui en découlent.

Les cause de la crise ?

Comme le note le récent article du Point sur le sujet, la médecine psychiatrique est très souvent considérée comme « le parent pauvre » du système de santé français. Et pourtant il s’agit bien d’un domaine spécifique qui nécessite des suivis au long cours, des traitements longs et des psychothérapies nécessitant des consultations longues et nombreuses. Et cela pour chaque patient.

Plusieurs facteurs contribuent à la crise de la médecine psychiatrique en France :

• Pénurie de professionnels de santé : La France souffre d'une grave pénurie de psychiatres, de psychologues et d'autres professionnels de santé mentale. Le nombre insuffisant de praticiens rend difficile l'accès aux soins pour de nombreux patients, allonge les délais d'attente et accroît la charge de travail des professionnels disponibles.
• Manque de lits d'hospitalisation : Le nombre de lits d'hospitalisation psychiatrique a diminué au fil des ans, ce qui limite la capacité d'accueil des patients en crise et augmente la pression sur les services d'urgence et les hôpitaux généraux. La capacité est passé de 100 000 lits à 80 000 lits entre 1997 et 2021.
• Sous-financement du système de santé mentale : Les budgets alloués à la santé mentale sont souvent insuffisants, entraînant une répartition inégale des ressources et des moyens limités pour répondre aux besoins croissants.

En analysant de plus près les causes on sera surpris de voir que le nombre de praticiens avait augmenté de manière régulière jusqu’en 2016 pour décroitre depuis cette date avec un point bas annoncé en 2023. Le nombre de praticiens par personne se situe même au 4^ème rang européen.

Alors pourquoi manque-t-on de ressources ?

Comme pour d’autres spécialités la répartition géographique est très inégale. De plus spécifiquement la pédopsychiatrie est un domaine sinistré avec un nombre de praticiens divisé par 2 et une dizaine de départements n’a même plus un seul praticien. L’âge des praticiens ne cesse d’augmenter (52 ans de moyenne et même 63 ans pour les pédopsychiatres).

Conséquences de la crise :

La crise de la médecine psychiatrique en France a des conséquences significatives :

1. Accès limité aux soins : Les patients rencontrent des difficultés pour accéder à des soins psychiatriques appropriés en raison des délais d'attente prolongés et de la pénurie de professionnels. Cela peut entraîner une détérioration de leur santé mentale et une augmentation des situations d'urgence.
2. Précarisation des conditions de travail : Les professionnels de santé mentale sont confrontés à une charge de travail excessive, à des conditions de travail précaires et à des risques de burn-out. Le manque de ressources et de soutien adéquats compromet leur capacité à fournir des soins de qualité.
3. Surcharge des services d'urgence : L'absence d'accès aux soins psychiatriques en amont conduit souvent les patients à se tourner vers les services d'urgence, qui ne sont pas toujours équipés pour répondre à leurs besoins spécifiques. Cela crée une pression supplémentaire sur les services d'urgence et entraîne une inefficacité dans la prise en charge des patients.
4. Stigmatisation et marginalisation : La crise de la médecine psychiatrique contribue à la stigmatisation des troubles mentaux et des personnes qui en souffrent. Les difficultés d'accès aux soins renforcent les barrières et marginalisent encore davantage les patients atteints de maladies mentales.

Conclusion :

La crise de la médecine psychiatrique en France a des conséquences profondes sur les patients, les professionnels de santé et le système de santé dans son ensemble. La pénurie de professionnels, le manque de lits d'hospitalisation et le sous-financement de la santé mentale sont autant de défis majeurs à relever. Des mesures urgentes sont nécessaires pour investir dans la santé mentale, renforcer les ressources humaines, améliorer l'accès aux soins et lutter contre la stigmatisation. La reconnaissance de l'importance de la santé mentale et une action collective sont essentielles pour surmonter cette crise et offrir des soins psychiatriques de qualité à tous les citoyens français.

Des annonces ont été faites par le gouvernement pour rembourser les premières consultations pour des troubles légers, mais les montants sont jugés trop faible et les patients dont la pathologie est trop lourde pour ce dispositif mais pas assez pour une hospitalisation sont laissés sur le côté.

Pour préparer l’avenir il faudra renforcer la formation des nouvelles générations en augmentation le nombre de praticiens hospitalo-universitaires et en développant des coopérations CHU / Établissement Public de Santé Mentale pour offrir des champs de stage plus vastes.