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Pourquoi la télémédecine ?
La France connaît de manière de plus en plus criante la problématique des déserts médicaux. Il n’y a pas à ce jour de seuil pour définir ce statut mais la mesure est en nombre de médecins par 100 000 habitants. A titre de comparaison à Paris le nombre de médecins est de 798 pour 100 000 hab. alors qu’il n’est que de 180 dans l’Eure. On imagine donc aisément que la télémédecine peut être une réponse à ces déserts.Quel périmètre pour ces nouvelles technologies ?
Mais depuis le décret n°2010-1229 du 19 octobre 2010 formalisant la pratique de la télémédecine sous 5 types d’actes :- La téléconsultation : un professionnel médical peut consulter un patient à distance
- La téléexpertise : un professionnel de santé peut demander l’avis d’un ou plusieurs professionnels médicaux experts
- La télésurveillance médicale : interprétation à distance de données nécessaires au suivi médical d’un patient pour évaluer le meilleur traitement ou la meilleure prise en charge médicale
- La téléassistance médicale : possibilité pour un professionnel de santé d’assister à distance un autre professionnel de santé
- La réponse médicale : la réponse médicale lors d’appels passés auprès du SAMU ou du 15
Cette pratique s’est développée relativement lentement ces sept dernières années. Les solutions techniques sont pourtant prêtes que ce soit du côté communication, vidéo ou confidentialité des données.
La situation aujourd’hui :
Les principaux acteurs sont confrontés à deux obstacles majeurs, d’ailleurs pointés du doigt par la cours des comptes. Tout d’abord aucune stratégie d’ensemble cohérente ne permet de faire face aux enjeux techniques et juridiques ensuite il n’y a pas de cadre tarifaire mis en place par la sécurité sociale. Toutefois depuis 2018, la loi de financement de la sécurité sociale a inscrit dans ses conventions la réalisation d’actes de télémédecine. Ceci devrait être un accélérateur puisque la tarification et les remboursements seront alors encadrés côté sécurité sociale et cela devrait rassurer également du côté des mutuelles privées.Quels changements dans les diagnostics médicaux :
Pour le moment les principaux développements se situent au niveau des relations médecins-médecins :- En radiologie.
- Dans la prise en charge des AVC grâce à l’avis rapide d’un centre spécialisé permettant un gain de temps précieux.
- En dermatologie et en psychiatrie sous forme de consultations. On trouve des initiatives intéressantes dans les prisons par exemple.
La téléexpertise s’est fortement développée :
La téléassistance la radiologie est aussi en pointe.
Dans les relations patients-médecins la problématique de la rémunération des actes et de leur remboursement explique un plus faible développement.Les développements à venir pour la médecine 4.0 :
Mais depuis le début de l’année, il apparaît déjà dans les projets médicaux des groupements hospitaliers de territoire (GHT) que dans 91% des cas un volet télémédecine existe. Les GHT voient l’opportunité de couvrir de manière plus efficace leur territoire. En effet les dernières études montrent que les déserts médicaux concernent finalement plus les médecins spécialistes que les médecins généralistes. Les déserts médicaux s’entendent en distance du domicile au cabinet du praticien. Pour les généralistes le problème est plus le nombre de patients à traiter que l’éloignement.Le développement de la télémédecine devrait faire passer les temps d’attente pour obtenir un rendez-vous de 8 semaines à environ une semaine et pour pallier au problème de la médecine générale permettre de réaliser plus de consultations en particulier pour les patients en EHPAD ou de plus en plus les urgences prennent le relais des médecins de famille. La télémédecine évitera les déplacements des médecins et leur permettra de gagner du temps.
Mais alors pourquoi la télémédecine reste encore en retrait par rapport à des pays comme la Suisse. Le premier frein est financier ou le financement des projets est trop souvent forfaitaire et sur décision des Agences Régionales de Santé. L’autre frein principale est bien sûr la peur du changement avec l’appréhension de ne plus avoir une relation directe et presque « physique » avec son médecin.
La dynamique gouvernementale actuelle semble lever le premier frein. Le changement lui n’est peut-être pas pour maintenant mais la tendance du monde à vouloir aller de plus en plus vite et le risque de réduction des médecins ruraux devraient accélérer le développement de telles pratiques.